Verdammte Frauen (2)

Geschmiegt in mattem Schein, die Kerzen glosen,
auf tiefen Kissen, mit Wohlgeruch verwebt,
träumt Hippolyte von Küssen, wildem Kosen,
das jäh den Schleier junger Unschuld hebt.

Im brausend Sturm mit Bangen sucht ihr Blick,
der Kindheit Einfalt schon in weiter Ferne,
ob wandere sie, dreht sich der Kopf zurück
zum Land, das sie durchquert' im Licht der Sterne.

Umflort ihr Aug', geziert mit scheuen Tränen,
getränkt mit Sinnlichkeit verführt ihr Duft,
die Arme wohlgelegt gleich lockend Strähnen,
all diese knospend Schönheit nach Liebe ruft.

Zu ihren Füßen hingestreckt in Freude
Delphine, ihr brennend Blick sie nicht verliert,
ein wildes Tier, das wacht über der Beute,
nachdem es sie mit einem Biss markiert.

Die reife Schöne kniet vor der Erblühten,
und hingerissen schlürft sie voll Wollust
Triumph aus dem Pokal, sie spricht vom Hüten,
erhofft sich süßen Dank von zarter Brust.

Sie sucht im Auge ihres blassen Fangs
den Lobgesang, der leise ist, doch lüstern,
und die Erhabenheit endlosen Danks,
den seufzend ihre Augenlider flüstern.

Geliebte Hippolyte, warum solch Posen?
Begreife doch, nie wäre es ein Fest,
das heilig Opfern deiner ersten Rosen
dem heißen Hauch, der sie verdorren lässt.

So leicht mein Kuss, gleicht er den Eintagsfliegen
im Liebesspiel abends am Seegestad,
der Kuss des Liebsten Furchen gräbt im Siegen,
so wie ein Pflug oder ein eisern Rad.

Erbarmungslos trifft dich der starke Huf
von Pferd und Ochs, gespannt an schwere Karren.
Zu mir dich wend, mein liebend flehend Ruf.
Warum mein Herz, mein Seel, lässt du mich harren?

So sternenvoll und azurblau, ach wende
dein Aug, dein Blick mir göttlich Balsam sei,
ich wiege dich in Träume ohne Ende,
von dunkler Freud mach ich den Schleier frei.“

Dann Hippolyte ihr junges Haupt erhebt.
Undank mir ferne sei, will nicht bereuen,
Delphine, ein Weh in mir so quälend bebt,

wie schweres Mahl zur Nacht mit viel Gebräuen.

Entsetzen, große Angst, die Seel mir füllt,
und schwarze Bataillone wirrer Geister,
sie führen in die Irre, so unverhüllt,
zu blutgem Horizont, die Kerkermeister.

Wenn fremd es war, was wir getan, vergib!
Falls du es kannst, erklär mein tiefes Schrecken.
Mich schaudert Angst, sagst du zu mir: “Mein Lieb!“

Doch meine Lippen sich zu deinen strecken!

Was schaust du so, du all mein ganzes Denken?
Mein Immerlieb, als Schwester auserwählt,
wär selbst ich Opfer auch von listgen Ränken,
und mir Verdammnis droht, die jetzt schon quält?“

Delphine dramatisch schüttelt ihre Mähne,
auf eisern Dreibein tritt sie wütend ein,
in ihrem Auge man Verhängnis wähne,
setzt man die Liebe gleich der Hölle Pein.

Der tumbe Träumer ewig sei verflucht,
der erstes Mal mit Zweifeln sich belastet,
für Lust und Scheuen die Versöhnung sucht,
in Liebesdingen er nach Anstand tastet.

Zu mystischem Akkord will er sie fügen,
den Tag, die Nacht, will Wasser wo es brennt,
nie wissen seine Lenden vom Vergnügen
durch Sonnenglut, welch man die Liebe nennt.

So geh, wenn du es willst, zu ödem Gatten,
der jungfräuliche Brust so grausam küsst,
verwundet Herz wird mir Bericht erstatten,
in fahler Schrecknis beißend Reue ist.

Allein ein Meister wird zufrieden sein!“
Das Kind jedoch, erfüllt von starken Schmerzen,
schreit auf: “In welchen Schlund stürz ich hinein,
welch gähnend Abgrund klafft in meinem Herzen?

Oh tiefe Leere, brennst in Lavaglut,
nichts macht dich satt, du stöhnend Ungeheuer,
der Eumeniden Durst stillt keine Flut,
du quälst mein sehnend Herz mit Höllenfeuer.

Verhängt mit Tuch sei Welt und alle Lust,
erquickend Schlaf lass Müdigkeiten schwinden!
Will senken mich in deine tiefe Brust,
der Gräber Still und Ruh werd ich dort finden.“

Hinab, hinab, beklagenswerte Wesen,
abwärts zur Ewgen Hölle steigt den Pfad,
wo Sünde wird bestraft mit peitschend Besen
von einem Wind, kein Himmel ihn erbat,

der Wirrniss bläht mit lärmend Sturmes Brut.
Zum Ziel der Wünsche lauft verrückte Frauen,
ihr werdet nie entkommen eurer Wut,
wo Freude einst ihr werdet Strafen schauen.

Kein Strahl hat eure Höhle je erhellt,
durch Riss und Spalten Pestilenzen gasen,
entflammt der Hauch in eure Körper quellt,
die nach und nach in üblen Düften aasen.

Wie grob ist euch Genießen, unfruchtbar,
stillt nie den Durst und lässt die Haut euch steifen,
die Lüsternheit, sie wütet immerdar,
das Fleisch euch schlägt, wie alte Flaggenstreifen.

Abseits des lebend Volks, unstet und verdammt,
gleich Wölfen wandert quer durch Wüsteneien,
folgt eurem Schicksal, Schlampen, allesamt,
flieht Lust und Lieb, die euer Selbst entzweien.

   
  Nachdichtung/Adaption durch Wolfgang Appell des Gedichts "Femmes damnées (2) von Charles Baudelaire(1821-1867), hier das Original
   
 

Femmes damnées (2)

A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.

De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.

Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.

Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.

- " Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;

Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,

Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! "

Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
- " Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.

Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.

Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! "
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! "

Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
- " Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !

Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !

Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...

On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! "
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain : - " Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !

Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.

Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! "

- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.

Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous !